Comme vu dans le premier article, la naissance de l’accessibilité du Web a eu lieu dans les années 1990 et c’est à ce même moment que l’initiative de l’accessibilité a été lancée par la W3C, qui par la suite va promouvoir certaines règles d’accessibilité.
Le web implique plusieurs éléments qui interagissent ensemble. Tout d’abord, nous retrouvons les contenus web créés par les développeurs et les contributeurs, qui vont être par la suite transformés sous forme de code. Celui-ci sera alors envoyé à l’utilisateur lors de sa demande et sera interprété par le navigateur qui restituera le contenu affiché à l’écran. Ce contenu sera alors interprété par les technologies d’assistance.
Les règles de l'accessibilité numérique sont des directives et des normes conçues pour rendre les contenus numériques notamment les sites web, les applications mobiles et les documents électroniques, accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap, indépendamment des limitations physiques et cognitives. C’est pourquoi, je vais, dans cet article, m’intéresser aux “WCAG”, Web Content Accessibility Guidelines, l’une des normes les plus utilisées pour l’accessibilité web.
Mais qu’est-ce que les WCAG ?
Les WCAG représentent les règles d’accessibilité numérique pour du contenu Web, que ce soit pour les images, les textes, les vidéos, les audios, les documents en téléchargement, les animations, les jeux interactifs. En bref, cela comprend tout ce qui apparaît à l’écran.
Les WCAG ont été élaborées par le groupe de travail de la WAI* du W3C**. Ces règles ne sont pas reconnues partout, car certains États ont développé les leurs.
De nombreux acteurs doivent respecter ces règles afin d'obtenir un site web accessible, comme les développeurs de sites, les contributeurs, les développeurs de navigateurs, les développeurs de logiciels de gestion de sites web ou encore les fabricants et les développeurs de technologies d’assistance, puisqu’ils contribuent à la création et à la restitution des contenus web. Si l’un de ces acteurs ne respecte pas l’une de ces règles, c’est l’accessibilité numérique qui sera remise en question. Elles permettent donc de guider les concepteurs et les développeurs de sites web, en leur permettant de vérifier si leur travail est accessible et de voir si les technologies d'assistance proposées sont compatibles.
Les WCAG sont donc un outil très important dont on peut se servir pour améliorer la prise en compte de l’accessibilité.
3 versions des WCAG
Il existe trois versions principales des WCAG, chacune étant une mise à jour des directives précédentes avec des améliorations et des ajustements.
La première, WCAG 1.0, développée en 1999, fournissait des recommandations pour rendre les contenus Web plus accessibles aux personnes handicapées. Cette version était principalement basée sur des directives HTML. Les WCAG 1.0 étaient également divisés en 3 niveaux de conformité, appelés “niveaux de priorités” : “priorité 1” correspondant au niveau “A”, “priorité 2” (“AA”) et niveau de “priorité 3”, signifiant le niveau “AAA”.
La deuxième version, développée en 2008, appelée WCAG 2.0, représentait une mise à jour majeure par rapport à la version WCAG 1.0. C’est dans cette version que sont introduit les niveaux de conformité A, AA et AAA. Contrairement à la première version, le 2.0 n’est pas seulement basé sur les directives HTML, mais s’applique à un niveau plus large de technologies Web, tout en apportant des améliorations dans la compréhension et la mise en œuvre des directives. C’est en 2008 que les quatre principes fondamentaux sont apparus.
En 2018, la dernière version, WCAG 2.1 est une extension de la version WCAG 2.0 introduisant de nouvelles directives et recommandations. Cette version a ajouté de nouveaux critères pour améliorer l'accessibilité, en particulier pour les utilisateurs de dispositifs mobiles et de technologies d'assistance. De plus, elle a inclus des recommandations pour les besoins spécifiques des personnes atteintes de handicaps cognitifs et de basse vision. Des critères de succès sont également nouveaux dans les WCAG 2.1 comme : orientation, identifier la finalité de la saisie, identifier la fonction, redistribution, contraste du contenu non textuel, espacement du texte, contenu au survol ou au focus, raccourcis clavier utilisant des caractères, délais d’expiration, animation résultant d’interactions, gestes pour le contrôle du pointeur, annulation de l’action du pointeur, étiquette dans le nom, activation par le mouvement, taille de la cible, modalités d’entrées concurrentes, et des messages d’état. Pour finir, elle permet de mieux prendre en compte l'évolution des technologies Web et des pratiques de conception.
Chacune de ces versions vise à améliorer l'accessibilité des contenus Web, en garantissant que les sites Web et les applications en ligne soient accessibles à un plus grand nombre de personnes, y compris aux personnes en situation de handicaps. WCAG 2.1 est actuellement la version la plus récente, mais il est recommandé de se référer à la version la plus appropriée en fonction des besoins spécifiques de conception et de conformité.
4 grands principes des WCAG 2.0
Les lignes directrices et les critères de réussite sont organisés autour de quatre principes, donnant les bases nécessaires pour que tout le monde puisse accéder au contenu Web et l'utiliser. Toute personne allant sur le Web doit avoir un contenu :
Perceptible par tous les utilisateurs (visibles, audibles, restituables)
Utilisable par tous les utilisateurs (interfaces et navigations simples et exploitables)
Compréhensible par tous les utilisateurs (contenus lisibles, navigation logique, être guidé et accompagné dans sa navigation)
Robuste par tous les utilisateurs (respect des standards afin de permettre la compatibilité avec les différents supports existants)
De plus, 13 règles se basent sur ces 4 grands principes. Les 13 règles définissent les objectifs fondamentaux que les auteurs doivent atteindre pour rendre leur contenu plus accessible aux utilisateurs présentant diverses limitations fonctionnelles. Bien que les règles ne soient pas testables, elles fournissent un cadre et des objectifs clés pour aider les auteurs à comprendre les critères de réussite et à mieux mettre en œuvre les techniques.
MindMap pour mieux comprendre les principes et les règles des WCAG (LELONG Solenn)
Toutes ces règles sont accompagnées de critères de succès, 78 critères au total, permettant d’évaluer l’accessibilité numérique et donc l’utilisation des WCAG 2.1. Ce sont des objectifs opérationnels à atteindre pour respecter la règle. Ils sont normatifs, c’est-à-dire que s’ils ne sont pas respectés, la règle ne sera pas validée et le contenu ne sera pas accessible selon le niveau d’accessibilité visé. Pour cela, des niveaux de conformité ont été mis en place, afin que chacun puisse savoir où il en est.
3 niveaux de conformité
Le premier niveau, appelé “niveau minimal” de conformité, est aussi indiqué “niveau A”. Lorsque l’on parle de ce niveau, c’est que moins de 50% de critères est conforme aux règles imposées par la WCAG, c’est-à-dire que la page Web satisfait à tous les critères de succès de niveau A.
Lorsque l’on parle de “niveau AA”, il fait référence à un “niveau intermédiaire” où plus de 50% des critères sont respectés. Ici, la page Web remplit tous les critères de succès de niveau A et AA.
Pour ce qui est du “niveau d’amélioration”, soit le “niveau AAA”, c’est que 100% des critères de conformité sont respectés, et donc la page Web remplit les critères de succès A, AA et AAA.
Il est très important de ne pas privilégier une règle plutôt qu’une autre, car cela entraînera des conflits sur les différents types de handicaps.
Les WCAG sont donc un outil essentiel pour créer un Web plus inclusif et équitable, permettant à un public plus large de profiter de l'information et des services en ligne.
* Web Accessibility Initiative
** World Wide Web
À très vite, dans le prochain article de MARDI, 13h !
Références
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